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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/143

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tacle des plus mauvaises mœurs. M. d’Épinay, toujours chez quelque fille d’Opéra, avait, paraît-il, communiqué à sa femme une maladie que celle-ci avait transmise à Francueil. Après avoir été la maîtresse de Francueil, elle allait être celle de Grimm. Sa belle-soeur, madame d’Houdetot était la maîtresse de Saint-Lambert. Sa cousine mademoiselle d’Ette était la maîtresse de Valory, etc., etc… C’est dans l’intimité de ce monde, aussi élégant et cultivé que vicieux, qu’allait vivre le dénonciateur de l’influence corruptrice des sciences et des arts, l’homme qui se disait « enivré de vertu » ; et l’homme enfin qui avait écrit, vous vous en souvenez : « Il faut de la poudre à nos perruques, voilà pourquoi tant de pauvres n’ont point de pain. »

Il s’installe à l’Ermitage le 9 avril 1756, avec Thérèse et la mère Levasseur, après s’être beaucoup fait prier, assure-t-il. Mais enfin il s’installe.

Pourquoi ? Parce que, bien qu’orgueilleux, il est vaniteux aussi ; parce qu’il est étrangement faible ; parce qu’il n’a jamais eu de volonté ; parce qu’il rêve sa vie au lieu de la vivre ; parce qu’il se rêve lui-même au lieu de se connaître, et parce qu’il a le don de ne pas voir les réalités comme elles sont.

Donc, il s’installe à l’Ermitage. Et il a grand tort. Il y eut mille ennuis (beaucoup par sa faute) et ce fut là que commença à se développer en lui, de façon inquiétante, la folie de la persécution.