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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/170

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le crois, c’est une allusion à l’abandon des enfants de Rousseau. Et ce doit bien être cela ; car, si on lit la page qui précède, on reconnaît que le trait est préparé de loin, qu’il ne venait point nécessairement, qu’il a été voulu et prémédité. Voici : D’Alembert vient de reprocher à Rousseau d’avoir adopté et défendu, dans sa Lettre, le préjugé du temps sur l’éducation des femmes. Et là-dessus il s’écrie :

Philosophes, c’est à vous de détruire un préjugé si funeste, c’est à ceux d’entre vous qui éprouvent la douceur OU LE CHAGRIN D’ÊTRE PÈRES d’oser les premiers secouer le joug d’un barbare usage, en donnant à leurs filles la même éducation qu’à leurs autres enfants… On vous a vus si souvent, pour des motifs très légers, par vanité ou par humeur, heurter de front les idées de votre siècle : pour quel intérêt plus grand pouvez-vous les braver que pour l’avantage de ce que vous avez de plus cher au monde, pour rendre la vie moins amère à ceux qui la tiennent de vous ?…

(Notez que d’Alembert devait connaître l’abandon des enfants, puisque Rousseau l’avait raconté quelques années auparavant à Grimm, à Diderot, à madame d’Épinay, à madame de Francueil, etc.)

Je passe d’autres sournoiseries moins envenimées. Mais d’Alembert ne pouvait manquer d’opposer l’auteur du Devin à l’auteur de la Lettre sur les spectacles ; et c’est ce qu’il fait en termes bien spirituels :

La plupart de nos orateurs chrétiens, en attaquant la comédie, condamnent ce qu’ils ne connaissent pas :