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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/172

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le théâtre, a fait des comédies, et précisément de ce tour artificiel et galant qu’il blâme si fort ; il reste qu’il a fait le Devin, qui, par sa musique, ses danses et ses belles filles exposées, a dû conseiller la sensualité et amollir les coeurs un peu plus peut-être que le Misanthrope ; il reste qu’il a écrit le Discours contre les arts au moment où il faisait du théâtre ; la Lettre à d’Alembert tout de suite après en avoir fait ; le Discours sur l’inégalité au moment où il était le protégé des grands, — et son traité de l’Éducation quelques années après avoir abandonné son cinquième enfant… Et tout cela est gênant, et je ne sais si jamais vie humaine s’est passée dans de telles contradictions, et divisions contre soi-même. Et si Jean-Jacques n’en avait que faiblement conscience, c’est donc bien, comme je le crois, qu’il était né avec « le coup de marteau ».

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Mais rejoignons-le dans sa petite maison de Montlouis.

Il y mène une vie assez tranquille les premiers mois. Il fait des connaissances dans le voisinage. Il se lie avec le Père Berthier, oratorien, et surtout avec M. Maltor, curé de Groslay. Encore un bon prêtre, et qui est charmant pour lui. Au reste Jean-Jacques, de son propre aveu, n’en a guère rencontré que de tels.

Cependant madame d’Épinay regrette de l’avoir si durement traité. Saint-Lambert et madame d’Houdetot ne lui en veulent plus. Ils l’invitent