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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/271

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Terreur ?) — Autant de tyrannies ajoutées, et bientôt substituées, plus dures encore, à celle de l’État.

Il est clair qu’après cela il ne peut rester une parcelle de liberté aux citoyens, si ce n’est à ceux qui sont de la clientèle des magistratures gouvernantes.

Quant à l’égalité, voilà longtemps qu’il n’y en a plus trace dans la démocratie pure inventée par Jean-Jacques. Et cependant, ici comme dans les deux Discours, l’égalité semble son suprême idéal. Pourquoi ? je n’en sais rien. Amour des symétries abstraites ?… A moins de supposer qu’il y eût dans son cœur plus d’envie, plus de rancune des abaissements de sa jeunesse qu’il n’en a laissé paraître dans ses livres : car, il faut le reconnaître, jamais ce sentiment d’envie n’y est confessé. Pourquoi donc cette superstition de l’égalité ?

L’égalité n’est pas un droit (quoique la Révolution en ait fait le premier des « droits de l’homme ») ; et elle n’est pas un fait de nature, ô Jean-Jacques, prêtre de la nature ! (Tout ce qu’on peut dire, c’est que le désir de l’égalité coïncide, dans certains cas, avec le désir de la justice).

Elle n’est pas un droit. — « Vous imaginez-vous qu’un homme puisse dire en venant au monde : — J’ai droit à ce qu’aucun homme ne me soit supérieur, n’ait plus de puissance que moi » ! (Faguet.) Cela n’a aucun sens. Ce qui est vrai, c’est ceci : — Les hommes ont le devoir de ne pas aggraver les inégalités naturelles et fatales entre les hommes. Le