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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/286

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tion civile du clergé, et la persécution religieuse. Et le Contrat social était codifié dans l’inapplicable Constitution de 1793.

Tout cela, parce qu’il avait plu à un demi fou, trente ans auparavant, de rêver pour une ville de vingt mille habitants une législation qui « ne convenait qu’à des dieux », — et à laquelle, cinq ans plus tard il déclarait préférer « le despotisme le plus arbitraire » !

Jamais, je crois, grâce à la crédulité et à la bêtise humaine, plus de mal n’a été fait à des hommes par un écrivain, que par cet homme qui, semble-t-il, ne savait pas bien ce qu’il écrivait, et qui aurait fui sa cité s’il l’avait vue réalisée. Vraiment, il y a des cas où l’on est tenté de dire que ce malheureux a été un misérable.

Et c’est parce que cette idée m’est pénible que j’ai voulu ramasser d’abord ce qui m’est le plus odieux dans son œuvre, et n’arriver qu’ensuite à la Profession de foi du Vicaire Savoyard. A partir de là, en effet, nous n’aurons plus qu’à plaindre Jean-Jacques, quelquefois à l’admirer ; car, je le dis très sérieusement, son âme se purifie à mesure que ses maux et sa folie augmentent.

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Donc, revenons un peu sur nos pas. Lorsque le gouverneur d’Émile juge à propos de lui enseigner la religion naturelle, il suppose que lui-même, tout près jadis de perdre son âme, a eu le bonheur de rencontrer un bon prêtre, un curé de campagne,