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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/322

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Et sur la douceur de Jésus :

…Douceur qui tient plus de l’ange et du Dieu que de l’homme, qui ne l’abandonna pas un instant, même sur la croix, et qui fait verser des torrents de larmes à qui sait lire sa vie comme il faut.

Il ne faut rien exagérer. Il est certain que, depuis les Charmettes, Rousseau avait cessé d’être catholique au sens entier du mot, c’est-à-dire de croire aux dogmes et à la hiérarchie du catholicisme. Il est certain qu’à partir de 1754, l’antipapisme de son enfance lui était revenu, notamment dans le Contrat social. Mais il est certain aussi que, du jour où les protestants l’avaient persécuté, il avait cessé d’être anti-catholique. Une partie du clergé de France avait pour lui une sympathie secrète, d’abord en haine des Encyclopédistes, puis parce que Rousseau ne fut jamais impie.

Sur la divinité du Christ, il n’a point de négation formelle. Dans un fragment (Morceau allégorique sur la Révélation) qui est probablement des dernières années de sa vie, et qui est écrit dans le goût et le ton des Paroles d’un Croyant, il nous montre Socrate pénétrant dans le temple des idoles, — puis Jésus. Au moment de l’entrée de Jésus :

Une voix se fait entendre dans les airs, prononçant distinctement ces mots : C’est ici le Fils de l’homme ; les cieux se taisent devant lui ; terre, écoutez sa voix. Jésus monte sur l’autel de la principale idole et la renverse sans effort, et, montant sur le piédestal