Aller au contenu

Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/340

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

couvert à qui voudra les leur donner, offrant en retour « ce qu’il a d’argent, d’effets et de rentes ».

C’est alors qu’il accepte de s’installer à Ermenonville, chez le marquis de Girardin, — homme excellent, qui obligeait ses enfants à aller décrocher leur déjeuner au haut d’un mât, et qui finit dans le mesmérisme. Et c’est à Ermenonville que Jean-Jacques meurt quarante-deux jours après. Et l’on ne saura jamais avec certitude s’il s’est suicidé ou s’il est mort naturellement ; car les certificats de médecins, dans ces affaires, ne prouvent pas grand’chose ; et l’un de ses meilleurs amis, Corancez, croit au suicide ; et M. Berthelot, qui a tenu dans ses mains le crâne de Jean-Jacques (le 18 décembre 1897) écarte bien sans doute le suicide par un coup de pistolet dans la tête, mais non par le poison, ou un coup de pistolet au cœur. La piété de Rousseau me ferait croire à la mort naturelle ; mais à cette époque, il n’était plus toujours maître de ses actes… Donc, je ne sais pas.

Or, dans ses deux dernières années, c’est-à-dire dans un temps où il donnait les signes les plus évidents de folie, il écrivait les dix chapitres des Rêveries d’un promeneur solitaire, c’est-à-dire le plus beau (avec les Confessions), le plus original, le plus immortellement jeune de ses livres.

Ce sont des impressions, des souvenirs, des récits de promenade, des descriptions, des examens de conscience, souvent des sortes de soliloques d’un ton religieux :