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DEUXIÈME CONFÉRENCE

ROUSSEAU À PARIS. — THÉRÈSE.


J’ai décrit l’étrange garçon, plein de bizarreries, de souillures et d’orgueil, qui à vingt-neuf ans vient à Paris, pour y chercher simplement fortune (dans la musique ou dans les lettres), en attendant qu’il s’établisse, huit ans plus tard, réformateur des mœurs et professeur de vertu. Mais il faut bien dire que, pendant ces huit années, il n’y songe pas du tout.

Quel était ce monde des lettres où le vagabond de Genève, des bords du lac Léman, de la Savoie, du Piémont et de Turin, le rêveur des Charmettes et l’amant de madame de Warens allait entrer ? — Si l’on met à part le seigneur de Ferney, et Montesquieu et Buffon, gentilshommes un peu dédaigneux qui, la plupart du temps, travaillaient enfermés dans leur retraite, — ce monde-là, c’était alors une vingtaine d’écrivains qui se rencontraient dans trois ou quatre cafés et qui étaient familiers chez une douzaine, au plus, soit de fermiers généraux, soit