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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/88

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doute la religion de Jean-Jacques, jusqu’ici demi-protestant, demi-catholique, tourne au déisme pur, — à un déisme, il est vrai très sincère, très pieux et même tendre : mais enfin, il n’y a pas un brin ni de révolte sociale, ni même de paradoxe, dans les petits vers de l’Allée de Sylvie ni dans les vers un peu chétifs de l’Engagement téméraire, écrit pendant un automne qu’il passa en très brillante compagnie, au château de Chenonceaux, et joué en 1749, chez madame d’Épinay à la Chevrette. Le futur citoyen de Genève y tint lui-même un rôle. Le sujet est encore dans le goût de Marivaux. L’« engagement » dont il s’agit est l’engagement que prend un amoureux de ne montrer aucun amour pour sa maîtresse pendant un jour, moyennant quoi elle l’épousera. Et quant à l’Allée de Sylvie, c’est à peu près, avec moins de souplesse, du ton et de la force de la Chartreuse de Gresset.

Bref, Rousseau est un homme d’allure un peu singulière, il est vrai, mais qui fait de la musique amoureuse et des petites comédies galantes, — la musique avec quelque originalité, les comédies comme tout le monde, et plutôt un peu moins bien, — et qui paraît ne songer qu’à l’Opéra, aux Italiens et à la Comédie-Française. — Cela, jusqu’en novembre 1749.

Mais en octobre 1749, il arrive ceci.

Quelques mois auparavant, Diderot avait publié la Lettre sur les Aveugles à l’usage de ceux qui voient. C’était à propos de l’opération de la cataracte pra-