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Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/107

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riche en péripéties et en coups de théâtre ; et un drame aussi qui contient plus de passion, d’émotion et de larmes.

Oui, mais pour les imaginations fraîches, Alexandre l’emporte encore, par l’éloignement dans le temps et dans l’espace, par la jeunesse du héros, mort à trente-trois ans, par la grandeur, l’étendue et la rapidité matérielle de son action sur les hommes.

Alexandre, c’est de l’histoire fantastique, et c’est pourtant de l’histoire, il est très vrai que ce jeune homme, en dix années, a parcouru, conquis et soumis l’univers de son temps, et la Grèce, et l’Asie Mineure, et la Syrie, et l’Égypte, et la Perse, et la Bactriane, et l’entrée de l’Inde mystérieuse ; qu’il a fondé soixante-dix villes, et que son empire fut borné par le Pont-Euxin, la mer Hyrcanienne, la mer Rouge, le golfe Arabique, le golfe Persique et la mer Érythrée ; et il est très vrai aussi qu’il a parlé grec ; qu’il a eu pour précepteur Aristote, dont les livres sont entre nos mains ; qu’il a lu Homère comme nous ; qu’il a été le contemporain et le compatriote de poètes et d’orateurs dont nous connaissons les œuvres ; et que, s’il revenait tout à coup, nous pourrions converser avec lui, et le comprendre, et être compris de lui.

Mais ce personnage très historique est resté légendaire, sans doute parce qu’il s’est mû, pour ainsi dire, hors des prises de l’histoire et de la