Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/121

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camp — attendent les nouvelles. Taxile annonce la victoire d’Alexandre. Et voici enfin, au milieu du troisième acte, Alexandre qui paraît pour la première fois ; et les premiers mots qu’il prononce en faisant son entrée sont ceux-ci :

Allez, Éphestion, que l’on cherche Porus ;
Qu’on épargne la vie et le sang des vaincus.

Et vraiment cela a bon air. Puis, le jeune héros dépose ses lauriers aux
pieds de la reine Cléophile et lui demande son cœur en échange. Et
Cléophile, coquette, feint de se dérober :

Je crains que, satisfait d’avoir conquis un cœur,
Vous ne l’abandonniez à sa triste langueur ;
Qu’insensible à l’ardeur que vous avez causée,
Votre âme ne dédaigne une conquête aisée.
On attend peu d’amour d’un héros tel que vous.
La gloire fit toujours vos transports les plus doux,
Et peut-être, au moment que ce grand cœur soupire,
La gloire de me vaincre est tout ce qu’il désire.

Et le jeune colonel… pardon, le jeune roi… pardon, Alexandre le
Grand répond : « Que vous me connaissez mal ! Autrefois, oui, je n’aimais
que la gloire.

Les beautés de la Perse à mes yeux présentées
Aussi bien que ses rois ont été surmontées ;

C’est que je ne vous avais pas vue… Et maintenant, je vais, pour vous,
conquérir des peuples inconnus,

Et vous faire dresser des autels dans des lieux
Où leurs sauvages mains en refusent aux dieux. »