Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/129

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lui des souvenirs et des sentiments qu’il voulait étouffer, — mais encore par cette idée que de bonnes âmes, de saintes âmes— et qu’il savait telles— s’obstinaient à souffrir réellement, et d’ailleurs inutilement, pour des choses qui lui semblaient, à lui, si naturelles ! De sorte qu’il était comme furieux contre des prières et des gémissements dont il était, malgré lui, la cause. Rien ne nous est plus odieux que de faire, à notre corps défendant, souffrir les autres d’une souffrance gratuite et qui nous paraît absurde : ce qui leur donne l’air de faire exprès de souffrir pour nous ennuyer…

Survint la querelle de Port-Royal avec Desmarets de Saint-Sorlin.

Encore un individu très particulier, ce Desmarets ; encore un bon original. Visionnaire lui-même, il était l’auteur de la baroque et charmante comédie des Visionnaires (1640). Après une vie des moins édifiantes, il donne dans la dévotion, puis dans la monomanie religieuse. Vers 1664, il se fait prophète. Il affirme que Dieu lui-même lui a dicté les derniers chants de son poème épique de Clovis. C’est ce toqué qui, par son Traité des poètes grecs et latins, allumera la fameuse querelle des Anciens et des Modernes. En attendant il part en guerre contre la « fausse Église des jansénistes » . Dans son Avis du Saint-Esprit, il déclare avoir la clef de l’Apocalypse et propose au roi de lever une armée de cent quarante-quatre mille hommes qui,