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Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/131

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chéri de Port-Royal, l’élève de Nicole, le « petit Racine » de M. Antoine Lemaître. Dans cette page, d’ailleurs, Nicole n’exprimait rien de nouveau : il rappelait simplement l’éternelle doctrine de l’Église. La querelle de l’Église et du Théâtre n’a pour ainsi dire jamais cessé au XVIIe siècle (M. Abel Lefranc en a fait, l’an dernier, une histoire très exacte). La vie des neuf dixièmes des chrétiens, au XVIIe siècle et dans tous les temps, n’a jamais été ni pu être qu’un compromis— généralement dénoncé et expié à l’heure de la mort— entre la nature, les plaisirs, les commodités ou les exigences de la vie sociale— et la stricte doctrine de l’Église, — et, si vous voulez, entre le paganisme et le christianisme. (Vous connaissez ces jolis vers diaboliques de Sainte-Beuve :

Paganisme immortel, es-tu mort ? On le dit, Mais Pan tout bas s’en moque, et la Sirène en rit.)

Racine sait bien que, sur ce sujet, Port-Royal ne peut parler autrement qu’il ne fait. Même, au fond, je crois, cela lui est assez égal que de saints hommes, qui doivent nécessairement penser et parler ainsi, lui disent qu’il corrompt les âmes simples et qu’il est coupable d’une infinité d’homicides spirituels. Ce sont crimes qu’il porte légèrement. Dans sa réplique à la réponse de Racine, Goibaud du Bois touchera juste quand il lui dira :

Je vois qu’on vous fâche quand on dit que les poètes empoisonnent : et je crois qu’on vous fâcherait