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Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/138

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sont romanesques à la façon des romans du temps. Je ne vous en parlerai point parce que ce serait long et que ce ne serait pas très utile.

Mais je vous parlerai un peu du Timocrate de Thomas Corneille, qui est de 1656.

Timocrate est, de beaucoup, le plus grand succès du théâtre au XVIIe siècle. Il fit salle comble pendant six mois. On le joua en même temps au Marais et à l’hôtel de Bourgogne. Et Timocrate représente exactement le genre de tragédie qui plut davantage entre le Cid et Andromaque, et ce que Racine veut remplacer.

Je ne vous raconterai pas Timocrate. Il y faudrait du temps, et l’exposé en serait difficile à suivre. (La lecture même de la pièce est assez pénible ; mais évidemment cela devait s’éclaircir à la représentation.) Je vous renvoie au livre de M. Gustave Reynier sur Thomas Corneille. Sachez seulement que le sujet de Timocrate est tiré du roman de Cléopâtre, de La Calprenède ; que le héros de la pièce joue un double personnage ; que, sous le nom de Timocrate, roi de Crète, il assiège la reine d’Argos ; que, sous le nom de Cléomène, officier de fortune, il défend cette reine dont il aime la fille ; que la pièce à partir du troisième acte n’est qu’une série de surprises et de coups de théâtre adroitement ménagés ; que le dénouement est fort ingénieux ; que Timocrate me paraît, aujourd’hui encore, un des chefs-d’œuvre du drame à