Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/168

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Majestés » et quantité de seigneurs et de dames. La duchesse d’Orléans l’avait, nous dit Racine, « honorée de ses larmes » . Le jeune roi, d’un si grand goût, aime et défend Andromaque, comme il défendra les Plaideurs et Britannicus.

On en fait une parodie : la Folle Querelle, de Subligny, que Molière, brouillé avec Racine, — vous vous en souvenez, — joue sur son théâtre. La parodie est stupide, mais elle atteste la vogue extraordinaire de la pièce. Dans la famille où Subligny nous transporte, Andromaque est le sujet de toutes les conversations ; on en parle au salon, dans l’antichambre, à la cuisine, jusque dans l’écurie. « Cuisinier, cocher, palefrenier, laquais, et jusqu’à la porteuse d’eau en veulent discourir. » « Bientôt, dit un des personnages de la comédie, la contagion gagnera le chien et le chat du logis. » Une maîtresse demande-t-elle sa femme de chambre : celle-ci, répond un laquais, « est occupée à faire l’Hermione contre le cocher dont elle est coiffée » . Un maître reproche-t-il à son valet d’avoir mal compris un ordre : « Monsieur, dit le valet, j’ai fait comme Oreste, qui ne laisse pas de tuer Pyrrhus, quoique Cléone lui ait été dire qu’il n’en fasse rien. »

Naturellement, Saint-Évremond, du fond de son exil bavard, dit son mot. Cet homme d’esprit, et qui avait même quelquefois plus que de l’esprit, restait si attaché au Paris de sa jeunesse et à ses admirations des temps heureux, que sans doute il