Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/170

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rappelant ainsi que Créqui n’aimait pas les femmes, et que d’Olonne était immensément trompé par la sienne. (Voir Bussy-Rabutin).

Bref, Racine triomphe. Et il est également heureux dans ses amours. Mademoiselle du Parc est publiquement sa maîtresse ; elle a quitté la troupe de Molière à Pâques 1667 et s’est engagée à l’hôtel de Bourgogne pour y jouer Andromaque.

Racine, à cette époque, est si content d’être au monde, qu’il s’amuse à écrire les Plaideurs.


Ce n’était, à ses yeux, qu’un amusement à l’occasion d’un procès qu’il soutient contre des moines comme prieur de l’Épinay (car il avait fini par attraper un bénéfice) ; procès, dit-il lui-même, « que ni mes juges ni moi n’avons jamais entendu », et que d’ailleurs il perdit.

Racine emprunte aux Guêpes d’Aristophane quelques-uns des traits de sa bouffonnerie, quoique entre les juges d’Athènes et les juges de France, il n’y eût guère de commun que la vénalité quelquefois, et aussi le pli professionnel, la fureur de juger. Vous savez qu’à Athènes, au temps d’Aristophane, tout citoyen pouvait être juge, pourvu qu’il eût trente ans révolus ; que les juges, au nombre de six mille (ce qui semble folie pure), étaient annuellement désignés par le sort et répartis entre dix tribunaux criminels ou civils (l’Aréopage, ou cour supérieure, non compris) ; que les juges recevaient trois oboles par jour, et que,