Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/230

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comte de Cézy. J’ai été obligé de changer quelques circonstances. Mais, comme ce changement n’est pas fort considérable ; je ne pense pas qu’il soit nécessaire de le marquer au lecteur. La principale chose à quoi je me suis attaché, ç’a été de ne rien changer ni aux mœurs ni aux coutumes de la nation.

Rien de plus. Pour le reste, allez-y voir, ou interrogez ceux qui ont entendu M. de Cézy. Et la façon péremptoire et ironique dont il se dérobe ici, parce qu’il sait que, cette fois, on n’ira pas voir, nous montre tout ce qu’il devait y avoir de concession aux pédants et sans doute de moquerie secrète dans les passages de ses préfaces où il se donnait tant de mal pour prouver l’existence historique de tel ou tel personnage secondaire qu’il aurait pu simplement inventer.

Mais ici, je le répète, il dédaigne de répondre. Ce n’est même que quatre ans plus tard (préface de 1676) qu’il aura cette belle et ingénieuse remarque sur « l’éloignement du pays qui répare en quelque sorte la trop grande proximité du temps » et qu’il expliquera comment la vie du harem est propre à rendre les femmes plus savantes en amour. En 1672, il ne dit rien. Bajazet n’en a pas moins un très grand succès. Racine sent, à ce moment, toute sa force. Il va entrer à l’Académie. Il n’a plus grand’chose à désirer ; et il semble qu’une sorte de détachement commence à s’opérer en lui. Il sait qu’il n’écrira rien de plus violent ni de plus tragique que Bajazet. Que va faire maintenant cette âme dévorante ?