Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/24

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étaient si grandes, que je ne pouvais presque m’empêcher de rire en toutes rencontres.

C’est le rire des jeunes filles très pures et des religieuses innocentes.

Cet humble passionné fut, par obéissance, un éminent grammairien. C’est lui qui écrivit les excellentes Méthodes de Port-Royal, grecque, latine, italienne et espagnole ; et c’est lui qui assembla les Racines grecques, versifiées ensuite par M. de Sacy (1657) :

(Entre en ce jardin, non de fleurs Qui n’ont que de vaines couleurs, Mais de racines nourrissantes Qui rendent les âmes savantes…)

C’est à Lancelot, sacristain et helléniste, que Jean Racine dut de savoir le grec à fond, dans un temps où la plupart des lettrés ne savaient que le latin (aujourd’hui, ils ne savent ni l’un ni l’autre) ; et par suite, si Racine, tout imprégné des Grecs, choisit chez eux la moitié des sujets de ses tragédies profanes, et s’il écrivit Andromaque, Iphigénie et Phèdre, c’est un peu au sacristain de Port-Royal que nous le devons.

Le troisième professeur de Jean Racine, Antoine Lemaître, avait été un avocat célèbre et un « homme du monde » assez dissipé (du moins parle-t-il lui-même de ses « égarements » ). Il s’était converti au lit de mort de sa mère, brusquement, avec explosion et larmes, et avait renoncé à la plus belle situation dans le siècle pour s’ensevelir à