Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/241

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particulièrement à partir de la cinquantaine. On connaît ses innocentes et grondeuses amours avec mademoiselle Du Parc, quelques années avant la liaison beaucoup plus effective de cette belle personne avec Racine lui-même. On connaît surtout les stances absurdes et délicieuses à la Marquise, où Corneille la somme impérieusement de l’aimer malgré ses rides, parce qu’il a du génie. À partir de là, Corneille se complaît à mettre dans son théâtre des vieillards amoureux : Sertorius dans Sertorius (1662), Syphax dans Sophonisbe (1663) et Martian dans Pulchérie, qui sera joué trois mois avant le Mithridate de Racine. Quand je dis « des vieillards… » ils n’ont guère que de cinquante à soixante ans ; mais, vous le savez, les gens du XVIIe siècle étaient si simples qu’un homme leur paraissait vieux, passé la cinquantaine. Et le vieux Sertorius et le vieux Syphax disent des choses touchantes, et même le vieux Martian parle quelquefois en grand poète lyrique : mais tous trois sont des amoureux platoniques et singulièrement soumis. Le plaintif Syphax se laisse tout le temps injurier par Sophonisbe parce qu’il ne hait pas assez les Romains ; Sertorius, qui dit aimer Viriathe, veut néanmoins la marier à son lieutenant Perpenna ; et Martian accepte sans protestation et même avec reconnaissance d’être auprès de l’impératrice Pulchérie un mari qui n’usera pas de ses droits.

Sur quoi Racine se dit : « Je vais leur montrer,