Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/311

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Mémoire, une demande de dégrèvement de la taxe extraordinaire imposée sur les charges de secrétaires du roi. (Racine en possédait une, qu’il avait achetée en février 1696. Ne nous scandalisons point de cette demande de dégrèvement : l’ancien régime était le régime de la faveur, — comme tous les régimes.)

Pour moi, je vois peu de raisons de contester l’existence de ce « Mémoire sur la misère du peuple » . Pourquoi et comment Jean-Baptiste, de qui Louis tenait cette tradition de famille, et dans un tel détail, l’aurait-il inventée ? Jean-Baptiste ni Louis n’avaient l’âme révolutionnaire. Et Jean-Baptiste avait su les choses directement : il les avait entendu raconter à son père lui-même. Jean-Baptiste, alors âgé de vingt ans, n’a guère pu se tromper, et, fort honnête homme, n’a pu ensuite tromper son frère. (Et je ne parle point des souvenirs et du témoignage présumé des grandes sœurs de Louis.)— Je tiens l’histoire vraie. Mais, en outre, elle ne me paraît nullement invraisemblable.


1° Car, d’abord, Racine n’était point incapable de concevoir et d’écrire ce généreux Mémoire.

Je ne vous le donne point pour un « précurseur de la Révolution », oh ! non. Mais son christianisme, très effectif, se souciait des pauvres. On le voit, dans sa correspondance, très libéral et aumônier, d’ailleurs fort simple de mœurs. Les paysans de Port-Royal s’adressaient à lui pour leurs affaires.