Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/32

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C’était une jeune pucelle assise dessus un rocher… Elle avait le chef couronné d’un chapeau de laurier, et des épaules lui pendait, par derrière, un carquois qu’elle portait en écharpe. Son bras gauche était appuyé sur son arc… Sur sa cuisse droite reposait le coude de son autre bras ; et avait la joue dedans la paume de sa main dont elle soutenait sa tête, tenant les yeux fichés en terre à regarder un jeune damoiseau étendu tout de son long, lequel était tout meurtri de coups, etc.

Et deux pages plus loin :

Cette belle jeune fille se prit à embrasser le jouvenceau et commença à pleurer, à le baiser, à essuyer ses plaies, et à soupirer…

Et un peu plus loin encore :

Apollon ! dit la belle captive, les maux que nous avons par ci-devant endurés ne te sont-ils point satisfaction suffisante ? Être privés de nos parents et amis, être pris par des pirates, avoir été deux fois prisonniers entre les mains des brigands sur terre, et l’attente de l’avenir pire que ce que nous avons jusqu’ici essuyé ! … Où donc arrêteras-tu le cours de tant de misères ? Si c’est en mort, mais que ce soit sans vilenie, douce me sera telle issue. Mais si aucun d’aventure se met en effort de me violer et connaître honteusement, moi que Théagène même n’a encore point connue, je préviendrai cette injure en me défaisant moi-même, et me maintiendrai pure et entière jusques à la mort, emportant avec moi pour honneur funéral ma virginité incontaminée.

Lire ces choses-là, — dans un grec mignard, — au fond des bois, — à seize ans, et quand on n’a