Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

prêtées ici ; elles étaient entre les mains d’un officier de cette ville, qui est de la religion… On est plus curieux que je ne croyais. Ce ne sont pourtant que des huguenots : car, pour les catholiques, ôtez-en deux de ma connaissance, ils sont dominés par les jésuites. Nos moines sont plus sots que pas un, et qui plus est, des sots ignorants, car ils n’étudient point du tout. Aussi je ne les vois jamais, et j’ai conçu une certaine horreur pour cette vie fainéante de moines, que je ne pourrais pas leur dissimuler, etc…

À Le Vasseur, 16 mai 1662, à propos du jeune amoureux qui lui a fait des confidences :

Ôtez trois ou quatre personnes qui sont belles assurément, on ne voit presque, dans ce pays, que des beautés fort communes. (Racine, au début, les trouvait toutes admirables.) La sienne est des premières, et il me l’a montrée tantôt à une fenêtre, comme nous revenions de la procession, car elle est huguenote, et nous n’ayons point de belle catholique.

Un léger esprit de révolte est en lui, un désir de mordre aux beaux fruits de la vie, et une irritation contre qui veut les lui interdire. Le même jour, il écrit à Vitart :

Je tâcherai d’écrire cette après-dînée à ma tante Vitart et à ma tante la religieuse, puisque vous vous en plaignez. Vous devez pourtant m’excuser si je ne l’ai pas fait, et elles aussi : car que puis-je leur mander ? C’est bien assez de faire ici l’hypocrite sans le faire encore à Paris par lettres, car j’appelle hypocrisie d’écrire des lettres où il ne faut parler que de dévotion et ne faire autre chose que se recommander aux prières.