Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/89

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lieux communs un peu modestes : mais elles sont amusantes, colorées et drues ; et une sensibilité littéraire passionnée les anime. J’avoue qu’elles me plaisent encore. Et elles étaient courageuses, ne vous y trompez pas. Attaquer en face, et en les nommant par leur nom, des écrivains dont quelques-uns étaient considérables par leur situation ou leurs amitiés, c’était se faire des ennemis acharnés et dangereux et s’exposer à de sérieux ennuis. En tout cas, il dut à sa franchise de n’entrer à l’Académie qu’en 1684, à quarante-huit ans, et encore il y fallut l’intervention du roi. Au début, quelqu’un représentait à Boileau que, s’il s’attachait à la satire, il se ferait des ennemis qui auraient toujours les yeux sur lui. « Eh bien, répondit-il, je serai honnête homme et je ne les craindrai point. » Il fut très honnête homme en effet.

Au temps où il les colportait dans les dîners, ses satires, non encore revues, plus proches du premier jet, avaient, çà et là, plus de rudesse, et plus de saveur peut-être que dans la première édition avouée.

Il y a un petit livre très rare, imprimé secrètement et sans privilège en 1666 et intitulé : Recueil contenant plusieurs discours libres et moraux en vers. C’est une édition du Discours au roi et des satires I, II, IV, V et VII dans leur texte primitif et telles qu’elles couraient en copie. Or, dans le deuxième « discours » de cette édition furtive et