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qui a toujours poursuivi l’amour qui le fuyait toujours. »

Ce n’est pas assez dire : Sainte-Beuve n’a pas poursuivi que l'amour, il a voulu, il a toujours voulu initier le public à sa liaison — quelle qu’elle ait été — avec Madame Adèle Hugo.

Et c’est ici qu’il iaut revenir aux deux volumes qui contiennent les poésies, dites complètes, de Sainte-Beuve sous ces titres divers : Poésies de Joseph Delorme, Poésies du lendemain, Consolations, Pensées d’août, Notes et Sonnets, un Dernier né ! La nouvelle édition « très augmentée » parut en 1863, chez Michel Lévy frères. L’avertissement publié en tête du premier volume est de 1860 — celui du second volume est de 1862. Sainte-Beuve a donc mis au moins deux ans à colliger, à revoir, à préparer, à suivre l’impression de ce recueil définitif, à l’état de « gerbe liée » comme il le dit lui-même dans une dernière note. On ne saurait, par conséquent, admettre qu’une seule pièce y soit entrée sans la volonté expresse de l’auteur, sans qu’il ait pesé l’opportunité de sa publication, sans qu’il se soit rendu compte du plus ou moins de transparence des allusions et de la responsabilité qu’il pourrait lui-même encourir. Comment se fait-il donc que nous voyons le même homme, si empressé, en 1845 (lettre