Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/141

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Panathénées, que Mme Juliette Lamber. Sa moins contestable originalité est dans l’ardeur même de sa foi païenne.

Son œuvre est presque tout entière une apothéose de la terre et de la vie terrestre. Croyance passionnée à la bonté des choses ; ivresse d’être et de sentir ; libre vie qui, pour être heureuse, n’en est pas moins noble ; obéissance aux penchants naturels rendue inoffensive par le goût de la mesure, par l’adoration studieuse de la beauté ; réconciliation de la matière et de l’esprit ; développement harmonieux de l’homme complet, l’exercice de ses facultés supérieures suffisant à tempérer et à purifier les instincts de la chair : voilà le fond de ses romans.

Qui je suis ? Je suis païenne. Voilà ce qui me distingue des autres femmes[1].

Mais ce n’est pas seulement parce que la religion et la vie grecques, telles qu’elle se les figure, lui semblent belles, que Mme Juliette Lamber les embrasse si ardemment. Elle croit qu’une nature bien douée, si on la laisse se développer en liberté, y va d’elle-même. Notre malheur, c’est qu’on nous inculque dès l’enfance des idées, des croyances et des soucis d’outre-tombe, par où notre nature est faussée à jamais : car ces pensées et ces terreurs, on ne s’en affranchit plus ; du moins il en reste toujours

  1. Païenne, p. 12.