Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/207

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presque excessive. Quant à la forme, pas la moindre recherche ni même la moindre élégance ; rien de la grâce ni de la finesse de son style écrit. Il parle pour se faire comprendre, voilà tout ; et va comme je te pousse ! Il ne fait pas les « liaisons ». Il s’exprime absolument comme au coin du feu avec des « Oh ! », des « Ah ! », des « En plein ! », des « Pour ça, non ! ». Il a, comme tous les professeurs, deux ou trois mots ou tournures qui reviennent souvent. Il fait une grande consommation de « en quelque sorte », locution prudente, et dit volontiers : « N’en doutez pas », ce qui est peut-être la plus douce formule d’affirmation, puisqu’elle nous reconnaît implicitement le droit de douter. Voici d’ailleurs quelques spécimens de sa manière. J’espère qu’ils amuseront, étant exactement pris sur le vif.

À propos de la rédaction de la Torah, qui n’a fait aucun bruit, qui est restée anonyme, dont on ne sait même pas la date précise parce que tout ce qui est écrit là était déjà connu, existait déjà dans la tradition orale :

Comme ça est différent, n’est-ce pas ? de ce qui se passe de nos jours ! La rédaction d’un code, d’une législation, on discuterait ça publiquement, les journaux en parleraient, ça serait un événement. Eh bien, la rédaction définitive du Pentateuque, ç’a pa’été un événement du tout !…

À propos des historiens orientaux comparés à ceux d’Occident :