le Deutéronome ! Ça forme un tout. Ah ! celui-là a pa’ été coupé ! »
J’ai peur, ici, de trahir M. Renan sous prétexte de reproduire exactement sa parole vivante. Je sens très bien que, détachés de la personne même de l’orateur, de tout ce qui les accompagne, les relève et les sauve, ces fragments un peu heurtés prennent un air quasi grotesque. Cela fait songer à je ne sais quel Labiche exégète, à une critique des Écritures exposée par Lhéritier, devant le trou du souffleur, dans quelque monologue fantastique. Eh bien ! non, ce n’est pas cela, ma loyauté me force d’en avertir le lecteur. Assurément je ne pense pas que Ramus, Vatable ou Budé aient professé sur ce ton ; et c’est un signe des temps que cette absence de tout appareil et cette savoureuse bonhomie dans une des chaires les plus relevées du Collège de France. Mais il n’est que juste d’ajouter que M. Renan s’en tient à la bonhomie. Les familiarités de la phrase ou même de la prononciation sont sauvées par la cordialité du timbre et par la bonne grâce du sourire. Les « Oh ! », les « Ah ! », les « Pour ça, non ! », les « J’sais pas » et les « Ça, c’est vrai », peuvent être risibles, ou vulgaires, ou simplement aimables. Les « négligences » de M. Renan sont dans le dernier cas. Il cause, voilà tout, avec un bon vieil auditoire bien fidèle et devant qui il se sent à l’aise.
Vous saisissez maintenant le ton, l’accent, l’allure de ces conférences. C’est quelque chose de très vivant. M. Renan paraît prendre un intérêt prodigieux à ce