Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/21

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  Mourzouk où l’on rôtit l’homme comme une dinde,
  Les mines de Norvège et les grands puits de l’Inde,
  Asile du serpent et du caméléon,
  L’Etna, Botany-Bay, l’Islande et l’Odéon
  Sont des Edens charmants et des pays de Tendre
  À côté de l’endroit où nous allons nous rendre…

— ou du mélange audacieux de toutes les langues, de celle des poètes lyriques, de celle des bourgeois, de celle des boulevardiers et de beaucoup d’autres :

  Ami, n’emporte plus ton cœur dans une orgie ;
  Ne bois que du vin rouge, et surtout lis Balzac.
  Il fut supérieur en physiologie
  Pour avoir bien connu le fond de notre sac…

— ou de bouffonneries aboutissant à un vers grave et d’allure pédantesque (à moins que ce ne soit le contraire) :

  Oui, je parle à présent. Je fume des londrès.
  Tout comme Bossuet et comme Gil-Pérès,
  J’ai des transitions plus grosses que des câbles,
  Et je dis ma pensée au moyen des vocables…

— ou de la dignité d’une périphrase déguisant une locution triviale :

  Ah ! pour te voir tordu par ce rire usité
  Chez les hommes qu’afflige une gibbosité,
      Parle, que veux-tu ? Dis-le vite !…

— ou bien enfin de tous ces artifices réunis, sans compter ceux que j’oublie.

Mais ce qui soutient, double et triple tous ces effets