Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/222

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pour son compte tout en divertissant le divin imprésario ? Ce serait de l’ingratitude, car nous jouissons aussi de la comédie selon notre petite mesure ; et vraiment le monde serait plus ennuyeux si M. Renan n’y était pas.


APPENDICE

FRAGMENT D’UN DISCOURS PRONONCÉ PAR M. RENAN À QUIMPER, LE 17 AOÛT 1885.

… Moi aussi, j’ai détruit quelques bêtes souterraines assez malfaisantes. J’ai été un bon torpilleur à ma manière ; j’ai donné quelques secousses électriques à des gens qui auraient mieux aimé dormir. Je n’ai pas manqué à la tradition des bonnes gens de Goëlo.

Voilà pourquoi, bien que fatigué de corps avant l’âge, j’ai gardé jusqu’à la vieillesse une gaieté d’enfant, comme les marins, une facilité étrange à me contenter.

Un critique me soutenait dernièrement que ma philosophie m’obligeait à être toujours éploré. Il me reprochait comme une hypocrisie ma bonne humeur, dont il ne voyait pas les vraies causes.

Eh bien ! je vais vous les dire.

Je suis très gai, d’abord parce que, m’étant très