comme un autre ou de donner dans l’outrance. Ainsi dans son ingénieuse Théorie du lieu commun. Que l’invention ne soit pas dans le fond, qu’un vieux sujet ne soit point pour cela un sujet banal, nous le voulons bien. Que les sujets et les personnages des drames de Victor Hugo, pour être inventés de toutes pièces, n’en vaillent pas mieux, passe encore. Mais pourquoi ajouter que c’est justement ce qui n’est pas vieux comme le monde, ce qui n’est pas dans « l’éternel fonds humain », qui est banal ? Banale, Lucrèce Borgia ? Banal, Ruy-Blas ? Vraiment il suffirait de dire qu’ils sonnent faux, qu’ils sont bizarres et extravagants. « Il n’y a de banal, au mauvais sens du mot, que les types dont le modèle a cessé d’être sous nos yeux », etc. M. Brunetière donne donc d’abord au mot banal un sens favorable qu’il n’a jamais eu, puis « un mauvais sens » qu’il n’a pas davantage. Mais c’est pur sophisme d’imposer comme cela aux mots des significations imprévues pour être plus désagréable aux gens dont on ne partage pas le sentiment.
De même, on peut être de son avis quand il trouve puériles certaines manifestations de la haine de Flaubert contre les bourgeois ; mais, quand il ajoute que rien précisément n’est plus bourgeois que cette haine des bourgeois, et cela pour se donner le plaisir de traiter Flaubert de bourgeois, je ne puis voir là qu’un jeu d’esprit indigne d’un esprit aussi sérieux. Et remarquez que M. Brunetière ne fait qu’user, sous une forme savante, d’un argument essentiellement enfan-