Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/317

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et de doctrine. Et pourtant cela est ainsi. On peut sans doute rattacher M. de Maupassant à quelques contemporains. Visiblement il procède de Flaubert : il a souvent, avec plus de gaieté, le genre d’ironie du vieux pessimiste et, avec plus d’aisance et quelque chose de moins plastique, sa forme arrêtée et précise. Il a de M. Zola, avec une morosité moins sombre et une allure moins épique, le goût de certaines brutalités. Et enfin je ne sais quoi chez lui fait rêver par endroits d’un Paul de Kock qui saurait écrire. Un professeur de ma connaissance (celui qui définit Plutarque « le La Bruyère apôtre d’un confessionnal païen ») n’hésiterait pas à appeler M. de Maupassant un Zola sobre et gai, un Flaubert facile et détendu, un Paul de Kock artiste et misanthrope. Mais qu’est-ce que cela veut dire, sinon qu’il est bien lui-même, avec un fonds de sentiments et d’idées par où il est de son temps, et avec des qualités de forme par où il fait songer aux vieux maîtres et échappe aux affectations à la mode, mièvrerie, jargon, obscurité, surabondance et dédain de la composition.

Ai-je besoin de dire maintenant que, bien qu’un sonnet sans défauts vaille un long poème, un conte est sans doute un chef-d’œuvre à moins de frais qu’un roman ; que, d’ailleurs, même dans les contes de M. de Maupassant on trouverait, en cherchant bien, quelques fautes et notamment des effets forcés, des outrances de style çà et là (comme quand il nous montre, dans la Maison Tellier, pour obtenir un