Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/34

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force à la lumière (le Sanglier) ; l’Amour malade à qui Psyché souffle son âme dans un long baiser et qui, tandis qu’elle en meurt, s’élance dans le bois sans se soucier d’elle (la Mort de l’Amour) :

 . . . . . . . . . . . . . Et, touchant
  Les flèches dont Zeus même adore la brûlure,
  Il marchait dans son sang et dans sa chevelure ;

l’Amour encore, le chasseur impitoyable, demandant au poète : « Veux-tu m’adorer, vil esclave ? Par moi tu souffriras, par moi tu seras lâche et déshonoré », et le poète répondant : « Je t’adore » (la Fleur de sang) ; et la rose naissant du désir d’Eros devant la grande Cythérée endormie (la Rose) :

  Eros la vit. Il vit ces bras que tout adore,
  Et ces rongeurs de braise et ces clartés d’aurore.
  Il contempla Cypris endormie, à loisir.
  Alors de son désir, faite de son désir,
  Toute pareille à son désir, naquit dans l’herbe
  Une fleur tendre, émue, ineffable, superbe,
  Rougissante, splendide, et sous son fier dessin
  Flamboyante, et gardant la fraîcheur d’un beau sein ;

tous ces tableaux, et bien d’autres, forment une galerie flamboyante, une galerie de Médicis, et peut-être la plus haute en couleur qu’un poète ait jamais brossée.


V

Ainsi se précise l’originalité de M. de Banville. L’idolâtrie de la rime implique une âme uniquement