Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/350

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Jean Téterol ; et c’est aussi le Fils Maugars, et c’est par surcroît la Recherche de l’absolu.

L’inspiration est double : bourgeoise et romanesque. Nous assistons à la victoire du tiers état sur la noblesse et de la vertu sur le vice. Le travail, l’industrie et le commerce triomphent particulièrement dans Serge Panine, le Maître de forges et la Grande Marnière ; la vertu, dans la Comtesse Sarah et dans Lise Fleuron.

Presque tous les bourgeois sont riches démesurément, et presque tous sont partis de rien : ce qui prouve l’utilité du travail. Presque tous les nobles sont plus ou moins ruinés : ce qui démontre les inconvénients de l’oisiveté et du désordre. Pourtant M. Ohnet ressent à l’endroit de l’aristocratie une sympathie secrète et lui témoigne, malgré quelques honnêtes libertés de langage, un très profond respect : c’est qu’il sait bien quel prestige elle exerce encore sur ses lecteurs. Presque tous ses ingénieurs s’éprennent de filles qui portent les plus grands noms de France, et c’est là une façon d’hommage au faubourg Saint-Germain.

La vertu, ai-je dit, n’est pas moins glorifiée dans ces histoires que l’École polytechnique. Des héroïsmes incroyables terrassent dans le même coeur des passions exorbitantes ; et en même temps les personnages vertueux ne manquent pas de l’emporter à la fin sur les coquins. Notez que, par un raffinement de conscience morale, dans ces drames où la vertu est si