Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/363

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comme la rêve Emma Bovary, le beau style comme le comprend M. Homais. C’est du Feuillet sans grâce ni délicatesse, du Cherbuliez sans esprit ni philosophie, du Theuriet sans poésie ni franchise : de la triple essence de banalité.

Mais ces romans sont venus à leur heure et répondaient à un besoin. Les romanciers qui sont artistes se soucient de moins en moins des goûts de la foule ou même affectent de les mépriser ; la littérature nouvelle tend à devenir un divertissement mystérieux de mandarins ; on dirait qu’elle s’applique à effaroucher les bonnes âmes par ses audaces et à les déconcerter par ses raffinements : or il y a toute une classe de lecteurs qui n’a pas le loisir ni peut-être le moyen de pénétrer ces arcanes, qui veut avant tout des « histoires », comme les fidèles du Petit journal, mais qui pourtant les veut plus soignées et désire qu’elles lui donnent cette impression que « c’est de la littérature ». M. Ohnet est au premier rang de ceux qui tiennent cet article-là ; il est incomparable dans sa partie ; il sait ce qui plaît au client, il le lui sert ; il le lui garantit. Tout cela n’est certes pas le fait du premier venu ; mais qu’il soit bien entendu que c’est en effet de marchandises qu’il s’agit ici, de quelque chose comme les « bronzes de commerce », et non pas d’œuvres d’art. Il ne faut pas qu’on s’y trompe. Je n’ai voulu que prévenir une confusion possible.

FIN