Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/68

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de bravade, sans emphase ni banalité, ce qu’il y avait à dire après nos désastres.

  « Mon compatriote, c’est l’homme. »
  Naguère ainsi je dispersais
  Sur l’univers ce cœur français :
  J’en suis maintenant économe.

  J’oubliais que j’ai tout reçu,
  Mon foyer et tout ce qui m’aime,
  Mon pain et mon idéal même,
  Du peuple dont je suis issu,

  Et que j’ai goûté, dès l’enfance,
  Dans les yeux qui m’ont caressé,
  Dans ceux même qui m’ont blessé,
  L’enchantement du ciel de France…

Après le repentir des oublis imprudents, le poète dit la ténacité du lien par où nous nous sentons attachés à la terre de la patrie, au sol même, à ses fleurs, à ses arbres :

      Fleurs de France, un peu nos parentes.
      Vous devriez pleurer nos morts…
  Frères, pardonnez-moi, si, voyant à nos portes,
  Comme un renfort venu de nos aïeux gaulois,
  Ces vieux chênes couchés parmi leurs feuilles mortes,
      Je trouve un adieu pour les bois.

Enfin les sonnets intitulés : la France, résument et complètent les « impressions de la guerre » : le sens du mot patrie ressaisi et fixé ; l’acceptation de la dure leçon ; le découragement, puis l’espoir ; le sentiment de la mission tout humaine de notre race persistant