Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/129

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Mais, au lieu de gueux et de claque-patins, des messieurs, qui ont toutes sortes de raisons pour se consoler de vivre, viennent occuper les places d’abonnés, les stalles de velours en face de la chaire. Ce sont des « hommes du monde », cela se voit à leur mise et à leur façon de se saluer, de sourire, de se serrer la main. Plusieurs sont assurément des membres de la Société de Saint-Vincent de Paul et beaucoup sont d’anciens magistrats : cela se sent. Puis, devant ces apôtres bien élevés des cercles catholiques, une trentaine de prêtres viennent s’asseoir sur des chaises qui les attendent. Enfin, le cardinal, entouré de hauts dignitaires ecclésiastiques et d’un évêque ou deux, prend place sur un siège élevé. Il est très vieux, très pâle, très blanc, avec de grands traits austères : un archevêque de vitrail.


II

L’orateur paraît : larges mâchoires, menton carré, grande bouche, une tête de paysan robuste et qui a sa beauté. Le Figaro, dernièrement, faisait de lui un marquis. Je n’ai pas d’idées préconçues sur le physique habituel des marquis, et il se pourrait que le Père Monsabré en fût un. Mais, informations prises, il est né à Blois, de simples honnêtes gens, ce qui est déjà bien beau. Son père était boulanger, comme celui du général Drouot et de M. Coquelin. Avant