Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bien que les fidèles n’iront pas voir : qu’il se contente donc d’une affirmation générale ou qu’il en appelle seulement aux quelques Pères dont le nom est connu de tout le monde. Ou bien, si c’est aux incroyants qu’il s’adresse, il n’ignore pas que ceux-là trouveront toujours moyen de contester. Cet étalage d’érudition, cette nomenclature bruyante ne prouve pas grand’chose pour les indociles, et les dociles n’en ont que faire : c’est proprement un effet de rhétorique.

§2. — La première partie du sermon est donc toute d’exposition dogmatique : je préfère la seconde où l’orateur a su mettre de l’émotion et parfois quelque finesse.

L’homme a trouvé plusieurs raisons de repousser la confession. « Quelles raisons ? J’en vois de deux sortes : celles qu’on dit, et celles qu’on ne dit pas. » La première raison que l’on dit, c’est qu’il est impossible que Dieu semble faire violence à la nature humaine et contraindre ses plus légitimes instincts. La conscience est inviolable : l’homme a le droit de n’être méprisable que devant soi. — Mais, au contraire, répond l’orateur, la conscience a besoin de s’épancher :

De tous les secrets que nous portons dans le vase trop fragile de notre cœur, aucun ne nous fatigue comme le secret du péché et des peines qu’il enfante. Nuit et jour, en face de notre opprobre, nous en sommes accablés jusqu’au découragement, jusqu’à désespérer de nos propres forces. Il faut étouffer, si l’on veut vivre encore, l’honnêteté