Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/204

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Il y a un moindre abîme entre la modestie et l’orgueil qu’entre l’orgueil et la vanité, etc.

« Nous appellerons cela la pensée définition ».

« On peut être plus banal encore sans en avoir l’air. On prend la réflexion la plus vulgaire et on lui donne, par une image imprévue, une apparence de nouveauté.

Notre imagination dépasse ordinairement ce que nous apporte la réalité, » voilà certes une pensée qui n’a rien de rare. Eh bien, travaillons là-dessus. Nous nous rappelons que l’imagination est « la folle du logis » : c’est une première indication. Creusons ce mot logis et nous ne tarderons pas à écrire : L’imagination est une maîtresse d’auberge qui a toujours plus de chambres que de clients.

« Nous appellerons cela la pensée pittoresque ».

« Enfin il y a telle idée plate et incolore, telle banalité honteuse, tel truisme misérable, qu’un tour sentencieux réussit à déguiser en pensée. Exemple : Attendre est peut-être le dernier mot de la politique ».

« Nous appellerons cela la pensée à la Royer-Collard.

« Pour conclure, les « pensées et maximes » sont un genre épuisé et un genre futile ».

« Un genre épuisé ; car ce ne sont jamais que des observations plus ou moins générales, des remarques explicatives sur des collections de faits. Or les faits peuvent bien changer et, en partie, l’extérieur de la vie humaine, mais non point les instincts et les sentiments primordiaux à la constatation desquels se