Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/229

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il nous l’a dit vingt fois, que M. Sarcey ressemble peu à un héros romantique ; qu’il n’a de René ou d’Obermann ni la sveltesse pliante ni la pâleur nacrée, et qu’une myopie célèbre dans le monde entier aggrave encore le poids de sa démarche. Et voilà pourquoi il est entendu que sa plume est lourde : je vous assure qu’il n’y a pas d’autre raison, — Ou bien encore, si vous voulez, c’est sa franchise qui est « lourde » aux épaules de ceux sur qui elle s’exerce. Voilà tout.

Moi, je lui trouve presque toujours de l’esprit, et du meilleur, quand il nous parle : 1º de la Sainte-Enfance ; 2º de la magistrature ; 3º des abonnés du mardi.

Vous rappelez-vous certain article sur la magistrature dont la réforme venait d’être décidée à la Chambre ? M. Sarcey entonnait un chant de triomphe, un chant féroce, un chant sauvage, et on le voyait à la fin exécuter sur le cadavre de la magistrature la danse du tomahawk en agitant à sa ceinture les maigres chevelures des « doux juges » scalpés. — Vous rappelez-vous une très véhémente et très large sortie contre les abonnés du mardi à propos des Corbeaux de M. Becque ? L’invective montait, montait : « Au moins, puisqu’ils ne savent rien, qu’ils ne se mêlent pas de juger ! » Et tout ce crescendo aboutissait à un mot superbe : « Ils viennent là pour voir et se faire voir, c’est bon ; mais la pièce, est-ce que cela les regarde ?  »