Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/301

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Chose qui l’a inventée ; M. Alphonse Daudet a dû la surprendre, celle-là ou une autre, sur des lèvres d’enfant apprenant à lire. N’avez-vous jamais entendu dans quelque école un bambin épeler le terrible évangile de saint Mathieu sur la fin du monde ? Puis les questions et le doux radotage des vieux : « De quelle couleur est le papier de sa chambre ? — Bleu, madame, avec des guirlandes. — Vraiment ! c’est un si brave enfant ! » et le « bon petit déjeuner », et les cerises à l’eau-de-vie, et le bout de conduite fait par le vieux à l’ami de Maurice. Tout cela, M. Alphonse Daudet l’a certes vu et entendu ; mais sur l’observation exquise court, ainsi qu’une flamme légère, la fantaisie du petit Chose. C’est lui qui se met à imaginer des causeries, la nuit, entre les deux petits lits — presque deux berceaux — de Mamette et de son homme ; c’est lui qui trouve, en regardant bien, que les deux vieillards se ressemblent, et qui entrevoit dans leurs sourires fanés l’image lointaine et voilée de Maurice ; c’est lui enfin qui écrit étourdiment : « À peine le temps de casser trois assiettes, le déjeuner se trouve servi. » Comment ! trois assiettes cassées ? Et Mamette ne dit rien ? et ce désastre passe inaperçu ? Décidément cela n’est pas arrivé, et M. Zola gronderait ici Daniel Eyssette.