Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/308

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plus, et M. Magnard a négligé de le faire réimprimer, j’ignore pour quelle raison.

Je ne m’arrête point à l’abbé Mouret ni à la demi-douzaine de prêtres qu’on trouverait chez Flaubert, Zola et les Goncourt, et qui n’y sont que des figures épisodiques.

Partout ailleurs, les prêtres qu’on a mis au théâtre ou dans le roman, se ramènent à deux types, l’un et l’autre de vérité très superficielle, sinon de pure convention : le mauvais prêtre aux allures de Tartufe, souvent incroyant, toujours hypocrite, tantôt cupide et tantôt débauché, le prêtre comme se le représentent deux cent mille électeurs à Paris, l’homme noir, et, pour tout dire en un mot, le jésuite ; et, d’autre part, le bon prêtre, charitable, tolérant, indulgent, bon vivant à l’occasion, volontiers libéral et républicain, bref, le curé de Béranger et du Dieu des bonnes gens. Ces deux fantoches antithétiques n’ont jamais eu du prêtre que l’habit.

Il n’est pas bien étonnant que le roman contemporain ait abordé si tard l’étude du prêtre et qu’un seul de nos romanciers ait poussé cette étude un peu loin. J’y vois une première raison très simple. La plupart de nos écrivains ont été élevés dans les lycées, ont renoncé de bonne heure aux pratiques de la religion, ne hantent point les églises ni les presbytères. Le prêtre est donc l’espèce d’homme qu’ils rencontrent le moins souvent, qu’ils ont le moins l’occasion d’observer directement et de près.