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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/317

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sujets, M. Ferdinand Fabre a pu écrire des romans de mœurs cléricales d’une valeur éminente, et dont quelques-uns sont bien près d’être des chefs-d’œuvre.

D’abord il a su placer ses personnages dans leur milieu, créer autour d’eux comme une atmosphère ecclésiastique. On entre, en le lisant, dans un monde absolument nouveau : on est vraiment dépaysé. Les détails précis abondent sur l’organisation de ce monde singulier, sur sa hiérarchie, ses règles, ses usages, même sur sa garde-robe ; et ces détails viennent naturellement, au courant de récits ou de conversations. M. Fabre se souvient d’une langue qu’il a sue, voilà tout. Et l’on assiste à des messes, à des pèlerinages, à des conférences ecclésiastiques ; on comprend que monsieur le curé-doyen de Bédarieux est un personnage et aussi monsieur l’archiprêtre de la cathédrale ; et l’on conçoit tout ce qu’il y a dans ce mot : « Monseigneur ». Et le langage que parlent tous ces hommes graves n’est pas non plus celui des laïques. Ils sont, à l’ordinaire, infiniment polis ; car la politesse leur est recommandée dès le séminaire comme une vertu chrétienne et comme une arme défensive : elle est pour eux une des formes de la charité, une expression de leur respect pour les âmes, et un rempart où ils se retranchent contre les familiarités et les indiscrétions. Mais, de plus, M. Fabre met communément dans leur bouche les formules de la phraséologie religieuse, auxquelles s’ajoutent, dès que la situation devient dramatique, toutes celles de la rhétorique profane.