Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/319

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


III

L’abbé Courbezon est un Vincent de Paul absolument dénué de sens pratique. Je rappelle en deux mots son histoire. Partout où il a été curé, il s’est lancé dans de telles entreprises, écoles, hospices, orphelinats, que tout le bien de sa mère y a passé, et il s’est mis dans de tels embarras d’argent que son évêque, après l’avoir quelque temps suspendu de ses fonctions, l’a relégué à Saint-Xist, un village perdu dans la montagne. Il arrive là avec sa vieille mère et commence par recueillir chez lui une pauvresse et sa bande d’enfants. Il a pour voisine une sainte fille, Sévéraguette, orpheline et riche. Sévéraguette regarnit la bourse de monsieur le curé sans qu’il s’en doute, et bientôt le pauvre desservant est repris par sa manie de bâtisse : il rêve d’une école de Sœurs. Il s’ouvre à Sévéraguette de ce désir secret et, après quelque résistance, accepte l’aide de la bonne fille. Mais Sévéraguette a deux amoureux, Fumat et Pancol ; et, comme ce ne sont pas des paysans de bergerie, Pancol, une belle nuit, se débarrasse de Pumat ; peu après, voyant les écus de Sévéraguette fondre à la cure, il guette un soir le curé et s’apprête à l’envoyer rejoindre Fumat ; mais le pauvre saint homme, qui a le poing lourd, assomme son agresseur en se défendant. L’abbé Courbezon, déjà malade, ne