salut. Au fond, ce n’est point de l’enveloppe charnelle
de leurs frères qu’ils ont souci. — Terrible
charité que celle de la bonne dame de Meaux ! Elle a nourri tant qu’elle
a pu son armée de pauvres ; quand elle n’a plus rien à leur donner, elle
leur donne le ciel.
Il fallait en finir. La dame résolut
De délivrer les siens en faisant leur salut ;
Car en charité vraie elle était toujours riche.
Elle les enferme dans une grange et y met le feu (elle aurait pu commencer par là).
J’ai fait ce que j’ai pu, je vous remets à Dieu,
Cria-t-elle, et Jésus vous ouvre son royaume[1] !
Contre les pécheurs endurcis, surtout contre les hérétiques et les mécréants, les saints du moyen âge éclatent en effroyables colères. Ils prisent assez haut l’honneur de Dieu pour le venger par des supplices, et le salut de leurs frères pour y employer les bûchers. Quand ils s’en tiennent aux imprécations, ils y font flamboyer tout l’enfer. Leurs fureurs semblent redoublées par je ne sais quel dépit jaloux de voir les futurs damnés jouir du moins, en attendant la géhenne, de leurs plaisirs coupables, dont les élus sont sevrés. Voyez les Paraboles de dom Guy, truculente enluminure des sept péchés capitaux incarnés dans les
- ↑ Un acte de charité.