Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/147

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élégant (c’est le mot auquel je reviens toujours). Tel de ses tableaux parisiens (le Concours hippique, si vous voulez, dans son premier roman) a la justesse et la vivacité d’une aquarelle d’Heilbuth ou de Brown-Lévis. Avec cela, surtout dans les analyses de sentiments, des lenteurs, des nonchalances, et quelquefois la longue phrase un peu traînante, la période fluide qui s’étale dans la Princesse de Clèves et qu’on retrouve encore dans les romans du XVIIIe siècle.


Tout cela ne laisse pas de faire à M. Rabusson une physionomie assez spéciale. On peut croire, à première vue, qu’il procède de l’auteur de Monsieur de Camors : il s’en faut du tout au tout. Oubliez Madame de Givré, écartez Jane Spring, qui me paraît fort embellie (Dans le monde), et quelques autres personnages un peu convenus, et vous reconnaîtrez que M. Rabusson a failli écrire plus d’une fois le roman naturaliste des mœurs mondaines (le naturalisme n’étant point une chose de forme, mais de fond). M. Rabusson serait donc quelque chose comme un Feuillet sans illusions et sans foi, avec un peu de l’esprit et du style d’un Crébillon fils ou d’un Laclos. Il serait fort capable d’écrire les Liaisons dangereuses de cette fin de siècle.