Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/178

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a eu pour lui des avantages et des inconvénients qu’il est intéressant de démêler et a certainement été une des causes de son originalité.

Relisons-le, ce qu’on ne fait guère, car l’entreprise est laborieuse si on la veut mener d’un trait. Mais, en somme, on n’y perd pas son temps. Outre qu’on a le plaisir, çà et là, de faire d’agréables découvertes et qui reposent, on voit se dégager peu à peu la physionomie d’un poète intéressant qui n’est pas du tout de Paris et qui n’est presque pas d’aujourd’hui, mais qui semble être venu d’Italie et dater de la Renaissance ; qui n’a subi que très peu l’influence des poètes contemporains et qui, par bien des points et par ses qualités aussi bien que par ses défauts, est comme en dehors et à part du mouvement poétique de notre temps.


I

À première vue, il est heureux pour un poète d’avoir fait un jour un sonnet, une pièce d’anthologie, que tout le monde connaît et récite. C’est une chance d’immortalité. Pas si sûre qu’on le croirait, cependant. Pour nos pères, Millevoye était le poète du Jeune Malade ; Soumet, de la Pauvre Fille ; Guiraud, du Petit Savoyard. Aujourd’hui ces « chefs-d’œuvre » nous font un peu sourire. La Feuille, d’Arnaud, plus légère, a mieux résisté, et surtout le sonnet d’Arvers. Mais il peut arriver aussi que le choix du « chef-d’œuvre »