Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/190

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et nous avons tout le détail de la noce. Le mari prépare la chambre. Le lit d’opale a pour rideaux des nuages agrafés aux étoiles. Puis la mariée s’habille. La Terre met son corset, et ses roses le font craquer, etc.

Vous connaissez cet autre thème éternel et grandiose : l’impassibilité de la nature opposée à la douleur et à la fugacité de l’homme. Or, voici un tout petit sonnet, quatorze petits vers, qui vous offrent, réduits à des proportions minuscules, le Lac, la Tristesse d’Olympio et le Souvenir de Musset. Un petit amant désespéré reproche à la Nature son sourire ; et la Nature, plaisantine, mignarde et lilliputienne, lui répond :

  Nigaud ! que ton cœur éperdu
  Se cherche une autre associée !

  Deux pinsons qui vont s’adorer
  À leurs noces m’ont conviée :
  Je n’ai pas le temps de pleurer.

Ou bien le Soleil fait le pitre. C’est l’hiver ; la toile est baissée, le théâtre est fermé. Le Soleil cependant « prépare sa rentrée ».

  Et, tandis qu’on grelotte, il vient par intervalle
  Regarder plaisamment, l’œil au trou du rideau,
  La grimace que fait son public dans la salle.

Le poète voit si petit qu’il nous décrit en détail la navigation de deux papillons sur une feuille de frêne, « l’un trônant à la poupe, l’autre siégeant au gouvernail » :