Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/192

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font pendant comme dans les Deux Cortèges. Et je songe avec tristesse que, si un photographe appliqué pouvait, par un jeu savant de lignes, insérer dans la tête de mort la silhouette de la belle-mère au lieu du profil de Sarah Bernhardt, il aurait « transposé » fort exactement le sonnet de M. Soulary : il aurait fait en art ce que M. Soulary a fait en poésie. Ce serait aussi spirituel ; ce serait de même qualité et de même hauteur.

Dans ce genre de poésie, l’Amour, le terrible Amour d’Hésiode, le bel adolescent d’Anacréon, s’appelle « Bébé » (les Jeux divins ; Enfant terrible). Une série de sonnets d’amour porte ce titre coquet et badin : « La battue au sentiment », tandis qu’une série de sonnets presque philosophiques est intitulée : « L’affût au raisonnement ». Et quand le poète médite sur la destinée humaine, il appelle cela « agacer ce vieux sphinx du néant ».

Les allégories abondent, on a pu le voir déjà, chez M. Joséphin Soulary. Il y en a de gracieuses, de singulières et de belles. Mais souvent aussi une allégorie qui pouvait être simplement belle tourne au jeu d’esprit, à la bluette difficile à force d’être soutenue et poursuivie avec exactitude et dans les moindres détails (et c’est là, on le sait, une des caractéristiques du « précieux »). Ou bien l’allégorie offre une image bizarre, déplaisante, malaisée à concevoir et à accepter, comme dans Misericors :