Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/203

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Tout ce qu’il est permis de dire, c’est d’abord que certaines parties de l’Histoire des princes de Condé ont forcément plus d’intérêt pour l’auteur que pour nous. Il n’était point possible de séparer leur histoire de celle de notre pays, car ils y ont tous été mêlés en vertu même de leur naissance ; mais ils y ont été mêlés à des degrés et avec des mérites fort inégaux. Dès lors qu’arrive-t-il ? S’il s’agit du Condé de la Ligue ou du grand Condé, à la bonne heure ; ils sont assez considérables pour servir de centre à une histoire politique et militaire de leur temps. Mais si c’est le père du duc d’Anguien qu’on nous présente, nous sommes un peu fâchés de voir le récit d’une partie de la guerre de Trente ans tourner autour de ce médiocre personnage. Que sera-ce quand M. le duc d’Aumale en viendra au fils et au petit-fils du vainqueur de Rocroy ?

Encore leurs figures pourraient-elles être intéressantes malgré l’insignifiance du rôle qu’ils ont joué, si l’auteur pouvait marquer leurs traits avec une liberté entière. Mais (et c’est là mon second regret) on sent trop, à certaines timidités, à certaines habiletés aussi, que l’histoire de ces princes a été écrite par leur cousin et leur héritier, qu’il leur est attaché par les liens du sang et de la reconnaissance. Je sais bien que cela même double l’effet de plusieurs passages du livre. Lorsque M. le duc d’Aumale lut à l’Académie le récit de la bataille de Rocroy, l’auditoire fut traversé d’un frisson qu’il n’aurait probablement point