Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/234

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pitié, la bonté. Si l’érudit s’appelle quelquefois Hermagoras[1], il peut s’appeler aussi Silvestre Bonnard, et c’est alors une créature délicieuse, car nulle ne joint plus d’intelligence à plus de candeur.


II

Il peut également s’appeler Gaston Paris. Il est alors plus jeune, plus mêlé aux choses du siècle, moins rêveur, moins hanté par saint Doctrové, et assurément les élèves de l’École des chartes ne le traiteront jamais comme ils traitent l’exquis Silvestre en se promenant sous les ombrages du Luxembourg. M. Gaston Paris est un des exemplaires accomplis de l’érudit lettré de notre temps. Il est un des ouvriers qui, tout en taillant leur bloc, pourraient le mieux dessiner le plan de la cathédrale. On sent sous ce philologue un savant, un philosophe, un artiste. Cependant qu’il s’applique à sa tâche minutieuse, il se tient au-dessus. Il a réuni, voilà quelques mois, une petite partie de ses leçons sous ce titre : la Poésie au moyen âge ; et l’on ne sait ce qui est le plus intéressant dans ce volume, de M. Paris étudiant le moyen âge, ou du moyen âge étudié par M. Paris. Je dirai donc un mot sur l’écrivain, puis un mot sur l’objet de ses études.

M. Gaston Paris a d’abord, au plus haut degré,

  1. La Bruyère : De la société et de la conversation.